2026 : L'AN 1 DU NOUVEAU MONDE DE LA VAPE

Bienvenue dans la vape post 2025

2026 ouvre l'ère post-vape indépendante : accises, fin des ventes en ligne, traçabilité. Prix en hausse, choix réduit, accès compliqué. Voici ce que vivront les usagers.

Un flacon claque sur le comptoir. 6,40 € au lieu de 5,90 € pour 10 ml. Le client grimace, sort sa carte sans broncher.
Octobre 2026 vient de sonner le glas d'une époque.
Celle où vaper coûtait trois fois rien.
Celle où on commandait ses flacons depuis son canapé. Celle où les arômes dansaient librement dans nos tanks. Bienvenue dans l'ère post-vape indépendante.

LE GRAND BASCULEMENT

2026 n'est pas une année comme les autres. C'est l'année où trois tsunamis convergent vers un même rivage : celui de la vape européenne. Un secteur qui pèse désormais 1,2 à 1,45 milliard d'euros rien qu'en France selon FIVAPE/Xerfi, et des dizaines de milliers d'emplois à travers l'Europe.
Assez lourd pour que les États s'y intéressent sérieusement.

Plusieurs dates sculptent déjà le nouveau paysage, certaines actées, d'autres en gestation.

Juin 2025 : Les puffs tirent leur révérence au Royaume-Uni.
L'interdiction des jetables entre en vigueur le 1ᵉʳ juin 2025, premier test grandeur nature avant la déferlante continentale.

Octobre 2026 : Choc historique annoncé.
La France prépare un arsenal de mesures pour son projet de loi de finances 2026 : taxation des e-liquides à 3–5 centimes par ml, interdiction de la vente en ligne et transformation des vape shops en quasi-bureaux de tabac via un agrément administratif.

Si ces mesures sont adoptées, elles changeront radicalement la donne.
Au Royaume-Uni, une accise de £ 2,20 par 10 ml entre en vigueur le 1ᵉʳ octobre 2026. L'UE prépare sa position pour la COP11.

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Avril 2027 : Le timbre fiscal britannique (Vaping Duty Stamp) devient obligatoire. Un timbre avec QR code et traçabilité sur chaque produit.
Sans timbre, pas de vente.

Le message résonne dans toutes les langues européennes : la récré est finie.

FRANCE 2026 : QUAND BERCY VEUT REPRENDRE LA MAIN

Paris prépare son offensive. Le projet de loi de finances 2026, encore en discussion, dessine les contours d'une vape française sous surveillance.
Trois leviers envisagés qui pourraient changer la donne :

La taxation différentielle appliquerait 3 centimes par ml pour les liquides faiblement nicotinés (moins de 15 mg/ml), 5 centimes au-delà.
Si cette mesure passe, votre budget mensuel de vapoteur moyen passerait de 35 € à 46 €, soit 132 € de plus par an.

L'interdiction de la vente en ligne, si elle est confirmée, rayerait 3 000 emplois du digital d'un trait de plume.
Votre boutique en ligne préférée ? Elle devrait fermer ou déménager.
Pour les habitants des zones rurales, ce serait le retour forcé aux boutiques physiques avec tous les kilomètres que cela implique.

Le modèle buraliste généralisé imposerait aux vape shops un agrément administratif pour survivre. Contrôle fiscal, formation obligatoire, conditions d'honorabilité et de probité. Bercy veut reprendre la main sur un secteur qui lui échappait depuis quinze ans.

Résultat prévisible si ces mesures sont adoptées ? 20 000 emplois en sursis, des marges écrasées, et cette question qui hante déjà les professionnels : combien de vapoteurs retourneront au tabac quand leur porte-monnaie sera sous pression ?

Bienvenue dans la vape post 2025

Combien ça coûte demain ?

Profil : vapoteur établi 60 ml/mois
France 2025 : 10 ml ≈ 5,90 € → panier ≈ 35,40 €/mois
France 2026 (si taxe adoptée) : 10 ml 6,20–6,40 € → panier 37,20–38,40€
Coûts indirects (trajets, ruptures, changement de formats) : + 6–8 €/mois
Estimation réaliste : ≈ 46 €/mois (≈ + 30 %)
Royaume-Uni (dès 1ᵉʳ oct. 2026) : + £ 2,20/10 ml ; + £ 22/100 ml (hors effets TVA/marges)

UK 2026 : LA RÉVOLUTION SILENCIEUSE

Outre-Manche, l'approche paraît plus subtile mais s'avère tout aussi radicale. Les Britanniques ont déjà passé la première et ajoutent désormais des couches de complexité administrative dignes de leurs meilleurs thrillers d'espionnage.

Depuis le 1ᵉʳ juin 2025, les jetables ont disparu des rayons britanniques. Interdiction totale de vente, premier pays européen à franchir le pas.

Un flacon de 10 ml qui coûtait £ 4 prendra £ 2,20 de taxe supplémentaire dès octobre 2026. Les shortfills de 100 mlsubiront £ 22 de prélèvement fiscal d'un coup, soit souvent plus que le prix initial du flacon.
Le DIY (Do It Yourself) devient un sport de riche.

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Les fabricants étrangers devront désigner un représentant local agréé par HMRC pour le schéma fiscal et la traçabilité. Absence de représentant signifiera exclusion du marché. Simple et efficace.

La fiscalité britannique devient une référence européenne. Si le Royaume-Uni peut taxer à 26 centimes par ml avec un système de traçabilité digne du tabac, pourquoi pas le reste de l'Europe ?

L'UE 2025-2028 : L'ÉTAU SE RESSERRE

Bruxelles orchestre une symphonie en plusieurs mouvements.
Chaque note résonne comme un avertissement pour la vape libre.

2025 : L'offensive COP11. Douze pays, menés par l'Irlande, exigent une révision de la TPD (Tobacco Products Directive). Au programme : interdiction totale des sachets nicotine, bannissement de tous les arômes sauf tabac, reversement de la charge de la preuve.
La Commission européenne prépare sa position pour novembre 2025.
Des documents de travail côté UE laissent entrevoir une ligne restrictive sur arômes et nicotine « sans fumée ».

Juillet 2025-2028 : La révision fiscale européenne.
Le 16 juillet 2025, la Commission a publié sa proposition pour intégrer les e-liquides dans la directive d'accise (TED) avec des planchers : 0,12 €/ml pour les liquides faiblement nicotinés et 0,36 €/ml pour les fortement nicotinés.
Si cette directive est adoptée à l'unanimité par le Conseil, son application interviendrait à partir de 2028, mais elle oriente déjà les choix nationaux sur 12-18 mois.
Une hausse potentielle du prix des e-liquides pouvant atteindre + 64 % selon certaines estimations d'impact.

2027-2030 : Le grand nettoyage annoncé. La révision de la TPD (« TPD3 ») est à l'étude.
Plusieurs pistes circulent : restrictions sur les arômes, packaging neutre, encadrement de la vente en ligne, limitation des taux de nicotine.
Aucun texte n'a été proposé officiellement à ce stade, mais si une directive était adoptée, sa transposition dans les États membres interviendrait probablement entre 2029 et 2030.

Côté jetables et batteries : la Belgique a ouvert le bal en interdisant les jetables dès le 1ᵉʳ janvier 2025.
Le Royaume-Uni a suivi le 1ᵉʳ juin 2025.
À l'échelle européenne, le Règlement Batteries (UE) 2023/1542 impose qu'à compter du 18 février 2027, les piles portables intégrées dans les appareils soient amovibles et remplaçables par l'utilisateur (sauf dérogations).
Cette exigence met sous forte contrainte les dispositifs jetables non conformes et pousse de fait vers le réutilisable, sans constituer un bannissement UE explicite à date fixe.

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LA CARTE FRAGMENTÉE DE L'EUROPE DE LA VAPE

L'Europe de la vape ne se divise plus simplement entre « libres » et « régulés ». La carte est devenue un patchwork complexe où chaque pays écrit sa propre partition.

Les ultra-restrictifs ont déjà basculé. Les Pays-Bas n'autorisent plus que l'arôme tabac depuis le 1ᵉʳ janvier 2024 et ont interdit la vente en ligne de produits du tabac et e-cigarettes depuis le 1ᵉʳ juillet 2023.
La Belgique a banni les jetables début 2025. Le Royaume-Uni combine ban des jetables, taxation massive et traçabilité orwellienne.

Les nordiques et baltes suivent le mouvement. Danemark, Finlande, Lituanie, Estonie, Hongrie, Slovénie ont engagé ou acté des limitations importantes sur les arômes.
L'Irlande et l'Espagne préparent leurs propres restrictions pour 2025-2026.

Les « encore libres » se comptent sur les doigts d'une main.
République tchèque, Pologne, peut-être quelques autres qui résistent encore à la vague réglementaire. Mais pour combien de temps ?

LA FRACTURE SOCIALE DU NUAGE

Cette transformation dessine une nouvelle géographie de la vape européenne et creuse des inégalités inédites.

Entre territoires : Les métropoles conserveront l'accès à des boutiques agréées, à du conseil, à de la diversité.
Les zones périphériques devront composer avec des points de vente clairsemés et des ruptures d'approvisionnement liées aux nouvelles contraintes administratives.
Les zones rurales seront doublement pénalisées, privées à la fois de l'offre digitale et d'un réseau physique dense.

Entre classes sociales : Les vapoteurs aisés absorberont la hausse de 30 % sans sourciller.
Les modestes arbitreront entre vape et autres postes budgétaires.
Les fumeurs en transition, ceux pour qui chaque euro compte, hésiteront à franchir le pas vers une vape devenue luxueuse.

Entre générations : Les jeunes, principale cible des mesures, se tourneront-ils vers d'autres alternatives ?
Le marché parallèle ? Ou simplement vers autre chose, laissant la vape devenir un truc de vieux ?

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LES NOUVEAUX ÉQUILIBRES

Le paysage européen se restructure autour de quelques acteurs et de nouveaux rapports de force.

Les gagnants : Les multinationales du tabac. Philip Morris International, British American Tobacco, Japan Tobacco International ont les reins assez solides pour absorber taxes et complexité administrative.
Leurs systèmes fermés (pods pré-remplis, cartouches propriétaires) s'adaptent parfaitement au nouveau cadre réglementaire.
Elles misent également sur les liquides à faible ou sans nicotine, moins taxés, pour préserver leurs marges.

Les perdants : L'écosystème indépendant dans son ensemble. Fabricants de liquides artisanaux, vape shops familiaux, sites de vente en ligne, mixeurs de garage.
Tous ceux qui ont fait la richesse, la diversité et l'âme de la vape européenne depuis ses débuts.
Le DIY, qui représentait 15 % du marché en volume, sera particulièrement touché par la hausse des coûts des bases et arômes concentrés.

Les incertains : Les vapoteurs eux-mêmes. Ceux qui consomment beaucoup basculeront-ils vers le marché gris ?
Les fumeurs en transition oseront-ils encore franchir le pas avec des tarifs doublés ?

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L'ÉMERGENCE DU MARCHÉ GRIS CLAIR

Car entre le tout-légal et le tout-illégal, une zone grise se dessine déjà. Pas le marché noir des contrefaçons dangereuses, mais un marché parallèle soft, presque bon enfant.

Le flacon d'ami qui traverse la frontière depuis un des derniers pays permissifs. Le DIY discret avec des bases achetées « pour la cuisine ».
Les sites offshore basés dans les pays encore libres et qui livrent « des arômes alimentaires ».
Les groupes fermés sur les réseaux sociaux où on s'échange des bons plans et des recettes.

Assez diffus pour échapper aux statistiques officielles, assez massif pour fausser les analyses.
Mais attention : cet écosystème parallèle qui échappe à la traçabilité officielle présente des risques réels : lots mal dosés, contrefaçons, absence de contrôle qualité.
Les autorités devront surveiller ces dérives sanitaires.

Les autorités fermeront-elles les yeux, ou joueront-elles au chat et à la souris avec des vapoteurs devenus ingénieux ?

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TROIS SCÉNARIOS POUR 2027

Scénario 1 : La normalisation sage
La vape devient un produit du tabac comme les autres.
Taxée, encadrée, contrôlée, mais stable. Le marché se consolide autour de quelques acteurs majeurs.
Les vapoteurs s'adaptent, comme ils l'ont toujours fait depuis quinze ans.
Les petits commerces survivent tant bien que mal dans un cadre contraint mais prévisible.

Scénario 2 : La résistance créative
Un marché parallèle émerge et prospère.
Achats transfrontaliers massifs vers les derniers pays permissifs, DIY underground, plateformes offshore.
Les autorités jouent au chat et à la souris avec des vapoteurs devenus ingénieux. L'Europe de la vape se fragmente entre pays permissifs et répressifs, créant un tourisme nicotinique et des circuits d'approvisionnement alternatifs.

Scénario 3 : L'effondrement contrôlé
Les mesures atteignent leur objectif sanitaire par effet de bord.
La vape devient trop chère, trop contraignante, trop peu attractive.
Une partie des vapoteurs retourne au tabac classique, l'autre arrête toute consommation nicotinée.
Mission accomplie pour les autorités sanitaires, catastrophe assumée pour la réduction des risques.

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L'IRONIE DU SORT

2026 signe peut-être la fin d'une époque bénie.
Celle où la vape était cette terre de liberté, d'innovation sauvage, d'artisanat local. Celle où un flacon coûtait le prix d'un café, où les saveurs se comptaient par centaines, où chacun bricolait son setup dans son coin sans demander la permission à personne.
Cette culture artisanale, faite de mixeurs passionnés et de boutiques familiales, cède la place à des modèles uniformisés, des systèmes fermés et des packaging neutres.
Le « fait main » disparaît au profit du « tout fermé » réglementaire.

L'ironie cruelle ?
Cette transformation administrative arrive pile au moment où les preuves scientifiques s'accumulent sur l'efficacité de la vape comme outil de sevrage. Au moment où l'OMS elle-même reconnaît, du bout des lèvres, ses bénéfices potentiels.
Au moment où 15 millions d'Européens vapotent quotidiennement et où les taux de tabagisme chutent dans les pays vape-friendly.

L'ironie budgétaire ?
Les États taxent massivement ce qu'ils prétendaient encourager comme alternative moins nocive.
Une politique de santé publique qui ressemble de plus en plus à une simple politique comptable.

Mais les rouages sont en marche. Les textes sont en discussion.
Les budgets sont en préparation. 2026 sera bien l'An I du nouveau monde vape.
Reste à savoir si ce monde sera meilleur que l'ancien, ou s'il ne sera qu'une version édulcorée, aseptisée, bureaucratisée d'une aventure qui aura fini par être digérée par le système qu'elle combattait.

Dans 18 mois, quand vous chercherez peut-être vainement votre saveur préférée désormais bannie, quand vous devrez rouler 20 kilomètres pour trouver une boutique agréée encore ouverte, vous vous souviendrez peut-être de cette époque dorée où vaper était simple, abordable et libre.

C'était avant 2026. C'était avant que l'Europe ne reprenne définitivement la main sur nos nuages.

SOURCES ET RÉFÉRENCES

Réglementation européenne :

  • Commission européenne, Taxation and Customs Union : Proposition de directive TED, 16 juillet 2025
  • Règlement (UE) 2023/1542 relatif aux batteries (Batteries Regulation)
  • ECigIntelligence : Analyses réglementaires TPD et révisions en cours

Réglementation nationale :

  • GOV.UK : Single-use vapes ban (1ᵉʳ juin 2025) et Vaping Products Duty
  • GOV.UK : Vaping Duty Stamps Scheme (1ᵉʳ avril 2027)
  • Rijksoverheid (Pays-Bas) : Interdiction arômes (1ᵉʳ janvier 2024) et vente en ligne (1ᵉʳ juillet 2023)
  • AP News : Ban belge des jetables (1ᵉʳ janvier 2025)

Données économiques :

  • FIVAPE/Xerfi : Données marché français (1,2-1,45 Md€)
  • FIVAPE : Analyses impact taxation et emploi

Presse spécialisée :

  • ECigIntelligence, Tobacco Reporter, Reuters