SPIRIT OF PIRACY : DILLIGAF À L'ABORDAGE

"Faire un fruité dans un fût." Ce défi, jamais relevé jusqu'alors dans l'univers de la vape, résume l'audace de Fabien Dinand, fondateur de Dilligaf. En janvier 2025, ce Meilleur Ouvrier de France en tonnellerie lance le Spirit of Piracy, marquant une étape décisive dans l'histoire de sa marque. Plus qu'une simple création, c'est l'aboutissement d'une année de travail minutieux, où des savoir-faire séculaires rencontrent l'innovation moléculaire.
La genèse d'un projet ambitieux
Pour Fabien Dinand, le Spirit of Piracy représente bien plus qu'un nouveau produit. "Cette recette, c'est ma madeleine de Proust", confie-t-il. "J'ai toujours voulu créer un liquide ananas qui en ait véritablement le goût. Je suis quasiment né dans les îles et j'ai toujours été frustré de ne jamais retrouver un véritable ananas." Cette quête personnelle l'a poussé à repenser entièrement l'approche traditionnelle de la création d'e-liquides.
Le projet a démarré en mars 2024, avec une première étape cruciale : l'imprégnation au rhum HSE. Mais avant même cette phase, chaque détail a été minutieusement pensé, depuis la sélection du bois jusqu'à la méthode de chauffe, en passant par le choix des arômes. "À chaque fois que je travaille un fût, je le conçois en fonction de la recette que je veux", explique Fabien. Pour le Spirit of Piracy, il fallait un bois capable de dialoguer avec les notes d'ananas et de coco, tout en offrant une oxygénation maîtrisée.

L'art ancestral de la tonnellerie
La fabrication d'un fût est un art qui demande une précision d'orfèvre. Tout commence par la sélection du bois. "Je pars toujours sur du chêne français", précise Fabien. "Pour le Spirit of Piracy, j'ai choisi un grain moyen, ce qui apporte une bonne oxygénation." Cette première étape est déterminante : le grain du bois influencera directement la façon dont le liquide va respirer et évoluer.
Le processus de fabrication lui-même est un ballet complexe où chaque geste compte. "On fait du feu dans une chaufferette, un cylindre perforé en acier", détaille Fabien. "C'est véritablement le mariage du feu et de l'eau qui vont ramollir les fibres du bois et permettre de l'assouplir et de le plier." À l'origine, le fût n'est qu'un assemblage de planches, appelées merrains dans le jargon du métier. "Ce sont des bois fendus sur fil. À partir de là, il faut les cintrer."

La chauffe est une étape cruciale qui détermine la personnalité future du fût. "Il y a plusieurs process de fabrication, suivant les maisons, suivant les tonnelleries. Mais dans les grandes lignes, on pose le fût sur le feu et on le monte en température." Cette phase initiale est suivie du bousinage, terme charentais qui désigne la cuisson du bois. "C'est là que se joue la libération des molécules et des arômes. Plus je pousse la chauffe, plus je vais chercher des notes toastées, torréfiées. Pour le Spirit of Piracy, j'ai opté pour une chauffe plus douce, plus longue, afin d'éviter d'écraser les notes fruitées."

L'imprégnation : un art de la patience
Une fois le fût construit commence la phase d'imprégnation au rhum. "Le fût doit absorber autant qu'il peut", explique Fabien. "J'ai mis plusieurs litres de rhum HSE, et tant qu'il boit, je continue." Ce processus, qui s'étale sur plusieurs mois, nécessite une attention constante. Le fût est régulièrement retourné, repositionné pour que l'alcool sature uniformément l'ensemble du bois.

"Un fût, c'est une éponge. Si tu ne le nourris pas, il se rétracte et perd son étanchéité." Pour assurer une imprégnation optimale, le MOF a développé un système de berceaux. "Les fûts sont couchés sur des roulements et je les fais tourner. J'en fais des rotations. Je les sors des berceaux et je mets un petit peu de liquide sur le fond." Un travail quotidien qui demande rigueur et patience.
Le processus est influencé par de nombreux facteurs environnementaux. "On a une légère fluctuation suivant la saison, suivant la lune, tout ça joue. C'est la magie d'un fût, comme pour les vins. Tu peux avoir des années exceptionnelles ou plus merdiques suivant les conditions."
La rencontre de l'artisanat et de la science
La création du Spirit of Piracy n'aurait pas été possible sans la collaboration étroite avec Bertrand, le "magicien des molécules" de LiquideLab. "Bertrand ne travaille pas avec des arômes alimentaires classiques, il crée tout à partir de bases moléculaires", explique Fabien. Cette approche scientifique est essentielle car le vieillissement en fût transforme profondément les arômes.
Le travail avec Bertrand a nécessité de nombreux allers-retours. "Il m'envoie des premiers jus avec les arômes individuellement, je fais l'amalgame, on valide ou non. On revient, on revient encore et ce jusqu'à validation.” Cette phase est particulièrement délicate car il faut anticiper les transformations que le bois va apporter. "Ce que je mets dans le fût ne sera pas ce que j'en ressors."
Le développement de la recette a demandé une patience infinie. "L'ananas, on l'a retravaillé au moins vingt fois", se souvient Fabien. "Il manquait d'acidité, puis il en avait trop. La coco était trop marquée, puis pas assez. On a tâtonné jusqu'à obtenir l'équilibre parfait." À chaque étape, il fallait anticiper comment le bois allait transformer les arômes.

Une production sous haute surveillance
La fabrication du Spirit of Piracy suit un protocole strict où rien n'est laissé au hasard. "On reste sur un processus artisanal, entre guillemets, mais naturellement, je fais les choses proprement." Chaque étape est contrôlée, depuis la réception des matières premières jusqu'à l'embouteillage final.
La traçabilité est un aspect crucial. "À réception, il y a filtration, bien entendu, parce qu'il y a toujours des petites particules, des petites molécules", précise Fabien. "Il y a parfois de petits morceaux de bois qui se décrochent du fût parce que ça reste une matière vivante." Chaque batch est analysé avant embouteillage pour garantir sa stabilité et sa pureté.
Cette rigueur est d'autant plus nécessaire que le processus comporte des risques inhérents. "Le bois restant en micro-poreux, il peut y avoir des choses. On n'est pas à l'abri d'avoir un polluant extérieur dans le chai." C'est pourquoi chaque lot fait l'objet d'analyses particulièrement poussées.
Les défis d'une production artisanale
La production du Spirit of Piracy présente des défis singuliers. "Pour faire pisser le liquide quand il ne fait pas chaud, je te garantis, tu ouvres le robinet, tu peux aller te servir un café, regarder un film, et revenir parce que les 10 litres, le bidon, il met une demi-heure, trois quarts d'heure à se remplir", raconte Fabien. Ces contraintes techniques nécessitent une adaptation constante.
Le coût de production est également un enjeu majeur. Les molécules utilisées sont haut de gamme, ce qui impacte directement la rentabilité. "C'est une recette qui me coûte plus cher que les autres", admet-il. Quand Bertrand lui a suggéré de chercher des alternatives moins coûteuses, sa réponse a été sans appel : "Je lui ai dit : écoute, non. Ce liquide, je le veux comme ça."
Cette intransigeance sur la qualité a un prix. Pourtant, il a choisi de maintenir le prix du Spirit of Piracy au même niveau que ses autres liquides. "C'est un choix. Je préfère rogner sur ma marge que baisser la qualité du produit."
Une approche unique dans l'industrie
Le Spirit of Piracy témoigne d'une approche radicalement différente de la création d'e-liquides. "Ce qui est vraiment primordial, c'est la complexité de la recette, le fait que ce soit véritablement un mariage parfait entre un super labo et mes connaissances", souligne Fabien. Cette collaboration entre artisanat traditionnel et innovation scientifique ouvre de nouvelles perspectives.
La réception du produit illustre cette singularité. "Certains le trouvent gourmand, d'autres fruité", note Fabien. Cette ambiguïté est assumée : le Spirit of Piracy joue avec les perceptions, transformant l'ananas par le vieillissement en fût. La noix de coco, pensée comme un exhausteur de goût, vient lier l'ensemble dans une harmonie subtile.
Les clients ne s'y trompent pas. "Les retours sont tous très, très bons", se réjouit Fabien. "Mais quelque part, je me dis, merde, attends, moi, je l'ai travaillé de telle sorte et je l'ai annoncé comme ça, comme un fruité gourmand et pas un gourmand fruité. Et il y a beaucoup de clients qui le perçoivent comme un gourmand fruité."

L'avenir et les perspectives
Le succès du Spirit of Piracy ouvre de nouvelles possibilités. L'expérience acquise permet d'envisager d'autres créations innovantes. "On a identifié comment ça vit et jusqu'où ne pas aller", explique Fabien. Les analyses en laboratoire ont permis de comprendre précisément les limites du vieillissement en fût pour garantir la sécurité du produit.
Fabien envisage également de revisiter certaines de ses recettes passées avec les connaissances acquises. "On a commencé à vraiment pousser le curseur avec le Kraken XO", raconte-t-il. "C'était déjà une recette audacieuse, mais avec le Spirit of Piracy, on a encore monté d'un cran."
Une vision artisanale qui réinvente la vape
Le Spirit of Piracy représente bien plus qu'un simple e-liquide. C'est la démonstration qu'il est possible d'appliquer des savoir-faire ancestraux à des produits contemporains. En fusionnant l'art de la tonnellerie avec la précision moléculaire, Fabien Dinand a créé une nouvelle catégorie de produits qui respecte à la fois la tradition et l'innovation.

Cette création témoigne aussi d'une certaine vision de l'artisanat. Dans un marché dominé par la production industrielle, le Spirit of Piracy prouve qu'il existe une place pour des produits qui prennent le temps d'être faits, qui acceptent les contraintes de la matière vivante, et qui préservent l'authenticité des procédés traditionnels.
Une philosophie qui redéfinit les standards de qualité dans l'industrie de la vape, prouvant que l'artisanat d'excellence a encore beaucoup à apporter aux produits contemporains.

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