VOOPOO VINCI E 120 : QUAND LA VAPE RÊVE D’UN STATUT

Un matin d’avril, dans un café du Marais, je sors la VooPoo Vinci E 120 de ma poche. Elle s’impose, massive, froide, presque arrogante.
Une femme, deux tables plus loin, jette un regard curieux.
Ce n’est pas une cigarette électronique banale. Avec son écran TFT de 2,44 pouces, ses 120 watts affichés en façade, et sa batterie de 4500 mAh, la Vinci E 120 ne se cache pas : elle revendique sa place dans un monde où les pods cultivaient l’invisibilité.
VooPoo ne propose pas un simple pod. La Vinci E 120 est une ambition : faire de la vape un objet statutaire, à mi-chemin entre une montre connectée et un gadget tech premium.
Mais entre ce rêve et la réalité – gamification maladroite, communication technique, ciblage flou – le pari tient-il ?
Plongeons dans cet objet qui veut réinventer la vape.
UN OBJET STATUTAIRE DANS UN MONDE DISCRET
Les pods étaient les soldats de l’ombre : petits, discrets, pensés pour le sevrage tabagique.
Leur mantra ? Utilité, jamais ostentation.
La Vinci E 120 renverse ce code. À 115 x 46,6 x 23,6 mm, avec 158 g en main, elle a la présence d’un smartphone haut de gamme.
Son châssis en alliage d’aluminium, froid et robuste, évoque les gadgets tech soignés.
Son écran large, ses 120 watts : tout crie « regardez-moi ».

Ce virage traduit une mutation. La vape ne veut plus être une alternative au tabac, mais un marqueur de style. VooPoo parie sur un public qui assume, qui exhibe son pod dans un vernissage à Belleville ou un rooftop lisboète.
Dans un bar à cocktails, la Vinci E 120 dialogue avec une montre, un sac, une attitude.
Dans une époque où les AirPods deviennent des bijoux, elle répond à une attente : une vape qui s’affirme, visible, désirable.
VOOPOO, OU LE RÊVE D’UN APPLE DE LA VAPE
Le clip promotionnel donne le ton : une femme élégante, peut-être milanaise, pose près d’une Jaguar. Luxe, style, féminité assumée. Ce n’est pas une pub de vape, c’est une déclaration. La Vinci E 120 se rêve comme l’Apple Watch de la vape – un objet statutaire, un artefact lifestyle.
On n’achète pas une e-cigarette, on adopte un symbole.
Comme l’Apple Watch, pivotée d’un bijou vers un compagnon santé, VooPoo amplifie la fonction de la vape pour en faire une attitude. L’aluminium brossé, le cadran personnalisable, la batterie de 4500 mAh synonyme de liberté : tout dit « je ne me cache plus ».
À 50 €, le prix reste accessible, mais l’imaginaire vise le luxe démocratique, là où tech et style convergent. Pourtant, des failles viennent fissurer ce récit.
UNE ESTHÉTIQUE AMBITIEUSE, UNE EXÉCUTION INÉGALE
En main, la Vinci E 120 séduit. Son châssis aluminium est un plaisir tactile, le bouton fire réactif, l’airflow latéral précis. À 50 watts, un fruit rouge enveloppe le palais, la vapeur danse, dense et pleine. L’écran TFT s’allume, net, affichant 18 cadrans horlogers personnalisables – un clin d’œil aux montres premium.

Mais le rêve s’effrite. Ces cadrans sont verrouillés. Pour les débloquer, il faut vaper : 100 puffs pour un thème, 300 pour un autre, 1000 pour les plus élaborés.
Une gamification qui infantilise l’expérience.
Un objet statutaire ne se mérite pas, il s’impose.
Hermès ne verrouille pas la couleur d’un sac derrière un quota d’achats.
Pire, les cadrans manquent de finesse, évoquant des smartwatches low-cost. L’absence d’écran tactile surprend pour un produit si ambitieux.
Et les 120 watts ? Un argument creux, les résistances PnP-X plafonnant à 80 watts.
LA GAMIFICATION : FAUX PAS ET SIGNAL TOXIQUE
La gamification n’est pas qu’un gadget maladroit : c’est un contresens.
Le luxe est fluide, immédiat. Apple ne vous fait pas mériter un fond d’écran.
Tesla n’attend pas 1000 trajets pour une option.
Conditionner des fonctions décoratives à l’usage casse la promesse statutaire, rend l’objet cheap.

Pire, elle envoie un message toxique : « Vapez plus pour avoir plus. »
Dans un secteur sous pression sanitaire, où la vape doit promouvoir la modération, inciter à un usage excessif pour des cadrans est un faux pas éthique.
Cette dissonance – élégance promise, jeu imposé – fragilise un produit qui pourrait briller par son design seul.
UN STORYTELLING À INCARNER : SORTIR DE L’ENCLOS
Dans les vape shops, le discours est technique : « 4500 mAh, 120 watts, PnP-X, écran TFT. »
Rien sur le style, l’attitude.
Les influenceurs sur X postent des photos statiques : un pod, une fiole, une fiche produit.
La Vinci E 120 n’est pas faite pour être montrée. Elle est faite pour être racontée.

Imaginez une campagne dans Vogue : une femme en trench, un café lisboète, la Vinci E 120 près d’un carnet Moleskine, captée dans un shooting épuré. Ou une collaboration avec une créatrice comme Jeanne Damas, intégrant le pod dans une collection capsule.
Sur Instagram, une influenceuse lifestyle la glisse dans un sac en cuir, loin des clouds. VooPoo doit sortir de l’enclos de la vape, investir des médias mode, des pop-up stores, des clips urbains.
L’USAGE RÉEL : SOLIDE, MAIS PRISONNIER
Techniquement, la Vinci E 120 assure. Les résistances PnP-X (0,15 Ω et 0,3 Ω fournies) offrent polyvalence : DL musclé, RDL posé, voire MTL serré avec un coil 0,8 Ω. La cartouche de 5 ml, avec remplissage latéral, évite les recharges fréquentes. La batterie de 4500 mAh tient une journée à 50-60W. La charge USB-C (5V/2A) est rapide, l’airflow réglable précis.
L’écran affiche tout – wattage, batterie, puffs, heure – avec lisibilité.
L’ergonomie est soignée : boutons réactifs, prise en main naturelle.
À 50 €, le rapport qualité-prix est solide.
Mais des détails agacent : l’écran verrouillé casse le rythme, les cadrans grossiers déçoivent, l’absence de tactile surprend. Les 120 watts sont inutiles.
La Vinci E 120 performe, mais reste engluée dans un discours technique, loin de l’expérience fluide promise.

RÉCEPTION ET PUBLIC : UN GAP DE CIBLAGE
Le clip, élégant et féminin, vise large. Mais les acheteurs, majoritairement des hommes de 25-45 ans, plébiscitent la puissance et l’autonomie, pas le style.
En boutique, le langage est technique, pas lifestyle.
Ce décalage révèle un échec narratif : l’intention ne se traduit pas en transaction.

VINCI E120 : PROMESSE OU IMPASSE ?
La Vinci E 120 est pourtant étonnante. Elle tente un saut : sortir la vape de l’utilitaire pour en faire un symbole.
Son design, son autonomie, son audace posent une question neuve : et si la vape devenait un geste culturel ?
Mais elle trébuche. Gamification cheap, absence de récit, ciblage flou : elle hésite à assumer son ambition.
Pourtant, elle ouvre une voie. Dans un secteur dominé par des marques techniques (GeekVape, Smok), VooPoo ose le style.
Si elle corrige ses erreurs, la Vinci E 120 pourrait redéfinir la vape, comme l’Apple Watch a redéfini la montre.

VERDICT : UNE ÉTOILE EN QUÊTE DE CONSTELLATION
La Vinci E 120 impressionne par ce qu’elle tente. Son design robuste, son autonomie massive, son prix de 50 € en font un pod solide.
Mais son ambition statutaire reste inachevée.
Gamification absurde, cadrans perfectibles, communication technique : elle n’est pas encore l’objet premium qu’elle rêve d’être.
Pour briller, VooPoo doit
Supprimer la gamification, offrir les cadrans dès l’achat.
Raffiner leur design, ajouter un écran tactile.
Raconter une histoire : campagnes dans Vogue, collaborations avec des créateurs, récits lifestyle.
Cibler les femmes via des visuels inclusifs et des influenceuses.
La Vinci E 120 n’est pas qu’un pod. C’est une invitation à repenser la vape comme geste, attitude, culture. Mais sans récit, elle reste une étoile sans constellation. À VooPoo d’écrire la suite.
Points forts
Design statutaire, unisexe, robuste.
Autonomie de 4500 mAh, record pour un pod.
Polyvalence des résistances PnP-X.
Prix compétitif à 50 €.
Points à améliorer
Gamification des cadrans à supprimer.
Cadrans grossiers, absence de tactile.
Communication technique, à réorienter vers le lifestyle.
120 watts superflus.
⚠️ Le vapotage est une aide au sevrage tabagique. Ne vapotez pas si vous ne fumez pas.